Le chiffon rouge
J’suis ici pour prendre du r’cul et observer l’gaulois d’ailleurs.
J’ai un peu choisi la facilité, pas la famine, un pays sous-développé, p’t-être pour que mon ch’ti confort soit pas trop perturbé.
J’atterri ici, à Lisboa. Direct le premier rituel ne change pas.
J’ remplis mes poumons d’ goudron.
Clope finie, j’la fout où ? J’matte le sol. Rien, que dalle, même pas un bout d’papier sur l’ pavé.
Ma phase d’observation commence.
J’apprends direct que j’mets les pieds dans un pays civilisé.
Ici, l’mégot n’ se jette pas sur la chaussée.
Il est pourtant bien vieux s’ revêtement gondolé.
J’ mate de loin les municipales et il m’fait déjà bien marrer l’ français qui s’plaint qu’son trottoir trop bien goudronné soit trop crotté…
L’pire, c’est qu’il croit vraiment qu’ c’est le premier des administrés qui va tout changer…
Ici, j’trouve les gens posés, pas stressés. On n’court pas, on pose le pied.
Et pourtant la troïka les a bien étranglés. Même pas les moyens d’ s’foutre des lunettes sur l’nez.
Tiens l’mien, j’ l’ai déjà pointé, seul, dans les troquets pour rencontrer l’ portugais.
Pas rancunier d’mon statut d’étranger mieux logé, il prend l’ temps d’ m’expliquer et d’ me faire flâner.
Pas facile d’ communiquer avec mon anglais d’ simplet même si parfois un regard suffit pour nous faire craquer…
Ici, quand j’discute avec l’habitant, il me dit écœuré, navré, apeuré, d’voir « le pays des droits de l’Homme » s’ faire bafouer par une Marine Le Pen bien déguisée dans ses intentions pourtant dévoilées.
En tout cas, ici ou ailleurs, j’veux toujours œuvrer et militer, le point levé en accrochant à mon cœur un chiffon rouge que mes colocs ont déjà adopté, pour un monde révolté à cause des pouvoirs corrompus en dépit d’ l’Humanité…
Vicente C., petit guerrier…